Cette ville d’environ 40 000 habitants es  relativement récente. Sa création quasiment ex-nihilo a été décidée en 1877 et s’est faite selon les plans de l’architecte français Barthélemy. Ceci explique son aspect très espacé la ville possède une église remaniée au début du XX siècle. Elle incorporait à l’origine des éléments provenant d’Apollonia. L’ancienne villa du bey a été transformée en bibliothèque. Située dans la vaste région agricole que constitue la  plaine de la Myzeque, Fier pourra intéresser les amateurs  d’urbanisme. Mais elle  est avant tout une ville carrefour sans grand charme, mais très bien desservie par d’innombrables bus et minibus vers Berat, Vlora, Tirana ou Durrès.

Si la route vers Berat  est en revanche déprimante (friches,puits,de pétrole noirs et figés), Apollonia, toute proche, est l’un des sites archéologiques majeur du pays. Bref faire une halte à Fier pour une nuit est surtout envisageable pour les personnes motorisée et comme la porte d’entrée sur Apollonia.

Apollonie D’illyrie 

A l’ouest de Fier, est actuellement le plus grand parc archéologique du pays. D’une superficie de plus de 80 hectares, cette cité antique constitue un ensemble remarquable par son état de conservation (abandon pur et simple au IV siècle de notre ère sans urbanisation ultérieure). Le site commence dès la sortie du village de Pojan, mais l’essentiel est à visiter sur la colline la plus élevée. A l’entrée du site, repérer le plan qui indique disposition des principaux monuments à voir.

Apollonia a été fondée par des colons grecs venus de Corinthe et de Corcyre (Corfou) vers 600av J-C, dans ce  qui était le pays des Taulantins (tribu illyrienne). Outre celle développement des colonies grecques le long de la cote adriatique, plusieurs autres raisons peuvent expliquer le choix de ce lieu. L’endroit est relativement facile à défendre, car situé sur 2 collines, l’une d’elles culmine à un peu de 100m d’altitude. La plaine littorale (relativement insalubre) offrait également une certaine protection contre les agressions venues de la mer. Par ailleurs il existe la proximité de rivières dont l’une, l’Aous, est à cette époque navigable. Apollonia disposait ainsi d’un port fluvial. L’arrière du pays, lui, est propice à l’élevage et à la culture.

La cité a été un temps la possession de Pyrrhus d’Épire avant de tomber dans le giron de la République Romaine en -229 à laquelle elle demeura loyale et en fut notamment récompensée lors de la défaite en -168 de Gentius, dernier roi d’Illyrie. En -148 Apollonie fut intégrée à la province romaine de Macédoine, avant d’être rattachée à celle d’Épire. Lors de la guerre civile opposant Pompée à Jules César, elle prit position pour ce dernier, mais tomba contre Marcus Junius Brutus en -48, allié de Pompée. Le futur empereur romain Auguste étudiait à Apollonie en -44 sous la tutelle d’Athénodore le Cananite lorsqu’il apprit la nouvelle de l’assassinat de César.

Apollonie accrut son opulence sous le gouvernement de Rome et fut mentionnée par Cicéron dans ses Philippiques en tant que magna urbs et gravis, une grande et influente cité. Le déclin de la cité s’amorça au IIIe siècle, notamment en raison d’un tremblement de terre qui détourna le cours de la rivière Vjosa, asséchant le port et transformant les terres en un marais frappé par la malaria. Le christianisme s’implanta dans la cité de façon assez précoce et les évêques d’Apollonie furent présents lors des Conciles d’Ephèse 431 et du Concile de Chalcédoine

Toutefois, la cité devint peu à peu inhabitable. À la fin de l’Antiquité, la cité s’était dépeuplée et fut supplantée par la ville voisine de Vlorë.

La ville fut « redécouverte » par des hommes de lettres européens au xviiie siècle, même s’il fallut attendre l’occupation autrichienne de la région en 1916-1918 pour voir les premières fouilles archéologiques, qui furent poursuivie par une équipe française, dirigée par l’archéologue Léon Rey, entre 1924 et 1938. Certaines parties du site furent endommagées durant la Seconde Guerre mondiale. Après la guerre, une équipe albanaise prit le relais à partir de 1948, ce qui permit de mettre au jour certaines découvertes exposées dans un monastère voisin ou dans la capitale albanaise Tirana. Au cours de la période d’anarchie qui suivit la chute du régime communiste en 1990, ces collections archéologiques furent partiellement pillées. Depuis 1992, le site fait à nouveau l’objet de campagnes de fouilles archéologiques régulières, menées par une équipe franco-albanaise.